Chaque crise conduit en général à parler de « résilience », terme remis en lumière ces 2 dernières décennies par Boris Cyrulnik, au travers de ses études et de ses livres.
Grand spécialiste de ce sujet, il a mis en évidence 3 formes de résiliences, toutes interdépendantes : la résilience neuronale, pyscho-affective, et socio-culturelle. De manière très résumée, plus une personne est isolée et/ou coupée de stimulations affectives, cognitives et socio-culturelles (ce qui fonde son humanité), plus son réseau neuronal s’atrophie.
La bonne nouvelle, c’est que ce phénomène est réversible et que, remise dans des conditions favorables, la personne reconstitue ses réseaux neuronaux.
Pour synthétiser très brièvement, la résilience est permise par notre plasticité cérébrale, mais elle serait aussi directement liée à l’attention et aux interactions sociales qui ont jalonné notre vie. Plus nous sommes – et avons été – sécurisés et mis en confiance dans notre environnement, plus nos réseaux neuronaux se fortifient et se multiplient.
Transposées à l’environnement professionnel, ces observations expliquent pourquoi les entreprises dans lesquelles les salariés sont impliqués et responsabilisés dans leur périmètre – donc stimulés dans leur créativité et recherche de solutions – gagnent énormément en performance et en productivité (en moyenne 20% selon des études internationales).
Concernant l’entreprise, j’avancerai deux grands axes pour la résilience, et donc l’agilité et la capacité de rebond.
Management et implication des collaborateurs
Le 1er est la réflexion sur le mode de fonctionnement managérial. Les études citées ci-dessus ouvrent des perspectives à nombre d’entreprises ou organisations qui s’interrogent sur leur modèle managérial, qui souhaitent déléguer davantage et alléger la hiérarchie. Une évolution ou une transformation de ce modèle fera appel aux valeurs fondamentales et à la culture de l’entreprise ou de l’organisation, et à leur diffusion transparente auprès de tous les collaborateurs.
Anticipation moyen terme et vigilance immédiate
Le 2nd repose sur l’observation rigoureuse du changement permanent des situations, à l’intérieur et à l’extérieur de l’entreprise. En ayant toujours à l’esprit que tout est en perpétuel mouvement (crises, nouvelles réglementations, ruptures technologiques, innovations des concurrents, troubles internes divers, etc), l’équipe dirigeante met en place une préparation qui combine stratégie et pilotage.
On peut prendre l’image des alpinistes chevronnés qui se préparent à une sortie en haute montagne : ils ne savent pas quels obstacles ou quelle météo ils vont rencontrer, c’est pourquoi ils ont anticipé, ils se sont préparés – longtemps, souvent – physiquement, psychologiquement, techniquement et matériellement.
L’anticipation, combinée à la vigilance à la conjoncture, permet de descendre moins bas dans les trous d’air et de rebondir plus vite et plus haut.
Ces 2 axes construisent au fil du temps un collectif robuste autour d’un pilotage serré, au service de la pérennité et de la solidité de l’entreprise.